< Retour à la liste

Pourquoi un sol en bonne santé est la clé d’une alimentation durable

Auteur : David Huang, Communicateur scientifique et Université McGill

Pour une agriculture résiliente et durable, tout commence par prendre soin du sol. Car un sol en santé produit des aliments sains.

Pour nourrir une population mondiale en croissance dans un contexte de changement climatique, d’événements extrêmes et de ressources naturelles sous pression, il est temps de porter une attention sérieuse à ce qu’il y a sous nos pieds : le sol. Car le sol, ce n’est pas juste de la terre. C’est un écosystème vivant et complexe, essentiel à la croissance des plantes, au stockage du carbone, à la gestion de l’eau et au recyclage des nutriments. Selon un article récent publié dans Nature Food, la santé des sols est l’un des leviers les plus puissants pour bâtir un système alimentaire résilient.

Dans un récent commentaire, les spécialistes en sciences du sol, Joann Whalen et Shamim Gul de l’Université McGill, mettent en lumière les résultats d’une vaste étude menée par Xu et ses collègues. On a démontré à quel point la santé du sol peut influencer à la fois le rendement des cultures et l’efficacité de l’utilisation de l’azote par les plantes. Le message est simple : quand le sol est vivant et en bonne santé, les plantes poussent mieux et les agriculteurs peuvent produire davantage avec moins d’intrants.

Un sol en bonne santé est riche en bactéries, champignons, vers de terre et autres organismes utiles qui favorisent la croissance des plantes. Ces organismes améliorent la structure du sol, aident à retenir l’eau et rendent les nutriments plus disponibles aux cultures. L’étude montre que les zones avec des sols en meilleure santé produisent plus de nourriture tout en nécessitant moins d’engrais chimiques.

C’est important, en sachant qu’environ un tiers des sols mondiaux sont déjà dégradés par l’érosion, la pollution ou des pratiques agricoles intensives. Quand le sol se détériore, les cultures en souffrent et les agriculteurs réagissent souvent en utilisant plus d’engrais. Cette approche est souvent inefficace et non durable : elle gaspille des ressources et nuit à l’environnement.

La bonne nouvelle est qu’il est possible de restaurer la santé des sols. L’étude montre que dans des régions comme l’Afrique, l’Amérique du Nord ou certaines zones d’Europe, l’amélioration de la santé des sols favoriserait une augmentation des rendements agricoles pouvant aller jusqu’à 30 %. En d’autres mots : un sol en meilleure forme donne une meilleure récolte.

Whalen et Gul soulignent aussi l’importance de regarder vers l’avenir. Des pratiques comme le compostage, les cultures de couverture, la réduction du travail du sol et la rotation des cultures peuvent toutes améliorer la santé du sol et réduire l’impact environnemental. Ces changements nécessitent toutefois un accompagnement technique et un soutien financier pour la majorité des agriculteurs et surtout pour les plus petits exploitants.

Le projet de recherche du RQRAD mené par la professeure Whalen et son équipe prévoit beaucoup d’activités de transfert des connaissances. Les bonnes pratiques liées à la santé des sols, et notamment à la préservation de sa matière organique seront partagées largement avec le milieu utilisateur.

Partager